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Les basses courent

Attention, cet article n´a aucun intérêt.

Présenter des morceaux de musique en dehors du contexte de leur découverte n´a, en soi, aucune sorte d'intérêt. Vous ne pourrez pas y greffer un souvenir particulier, un sentiment ou une simple scène de votre vie. À moins d´écouter tout cela via une PLAYLIST...lors d´une balade, d´une course à pied, d´un voyage en train, à dos de poney (laissez les animaux tranquilles s'il vous plaît) ou simplement assis à la terrasse d´un café.

Le but est peut-être de vous amener vers ce que font les groupes en question mais aussi de sortir de la "performance" parfois associée aux musiciens. Je ne suis pas là pour vous éblouir, mais plutôt pour vous enthousiasmer. Je serai votre portier sympa en quelque sorte...

Le créneau du "beat" est largement et brillamment exploité par Daddy, alors j´ai décidé de vous amener au pays des basses fréquences, avec le petit espoir que tout cela vibrera dans votre poitrine... "durrunda" en langue basque, c´est un "bruit sourd", parfois associé au bruit sombre du tonnerre qui gronde au loin. Pour la plupart des morceaux, il y a un peu de cela... La "gravité" de l´instrument le rend mystérieux, voire bizarre, rarement spectaculaire, mais toujours fidèle, inlassable, souvent rond et massif.

Aussi, la basse est un instrument assez discret auquel on fait assez peu d´honneur ; les guitares solo ou les voix prennent souvent toute la lumière. Il serait intéressant de pouvoir retirer complétement la basse à l´écoute de nos morceaux préférés, juste pour voir, juste pour sentir qu´il manque quelque chose, qui sans le savoir, est fondamental... J´aime bien l´idée que cet instrument donne de l´épaisseur à un morceau, propose une certaine "assise", une stabilité, sans quoi l´aridité d´une gratte ou d´une batterie qui claque nous laisserait sur notre faim. À l´instar du piano et des claviers, l´instrument tient parfois de la percussion et peut s´avérer très rythmique, bien qu´il renforce ou contredise parfois les harmonies d´un morceau. La basse possède une sorte d´indépendance, mais généralement, on aime bien la mettre en couple avec la batterie... En réécoutant les morceaux proposés ici, le constat est simple me concernant... le véritable allié naturel de la basse n´est pas le "drum", mais le piano.

Poliça a l'habitude, avec peu de moyens, de créer des paysages musicaux énormes. Dans celui-ci, vous entendrez peut-être s'envolez des oiseaux pressés, dont les ailes battent à la vitesse de leur petits coeurs... ils s'affolent, la menace couve. Bien au fond du paysage, se rapprochant à mesure, un gros serpent ondulant avance entre les hautes herbes d'une savane desséchée. Le reptile avance, produisant des sonorités profondes, il accélère tout à coup, menaçant. Attendez-vous à vous faire mordre...

Pour les dur à cuire, je vous invite à regarder une version live du morceau, qui donne à voir l'énergie incroyable des musiciens, notamment des deux batteurs, drumers robots mixeurs qui envoient du très lourd... le petit bassiste est le cerveau du groupe, c'est lui qui crée tous les samples et l'ambiance des morceaux...J'ai eu la chance à la fin d'un concert de lui dire que sa basse tenait toute la baraque, qu'elle faisait groover une musique d'apparence électronique et que ça, c'était nouveau... le tout exprimé dans un sbire de confection artisanale croisant l'anglais, l'allemand, le français et un peu d'espagnol... le mec a quand même apprécié le compliment...

Découvert il y a 3 semaines, ce morceau des Aphrodite's Child est juste un bijou. J'ai écrit à mon père pour lui dire que je lui en voulais, de ne pas m'avoir fait écouter l'album "666" quand j´étais plus jeune, vynile qu'il a finalement donné à sa soeur. C'est un des premiers album-concept, dont les idées musicales sont absolument modernes pour l'époque. L'album s'inspire de l'Apocalypse selon Jean, et le titre en question décrit l'épisode des Chevaliers de l'Apocalypse venant semer le chaos. Le groupe est définitivement mystique, s'inspirant aussi de la mythologie grecque, pays dont ils sont issus. En écoutant l'album, j'ai tout de suite pensé que ce groupe aurait pu aller beaucoup plus loin, traçant une route à la Pink Floyd... il y a une telle passion dans les morceaux...Mon père m'a sobrement dit : "ce groupe avait une âme". Le groupe se quitte d'ailleurs sur cet album, laissant place à des carrières solo plutôt surprenantes (oui oui, il s´agit bien de Vangelis et de Demis Roussos qui est à l´époque ce frontman barbu, peut-être le premier et véritable hipster). Sébastien Tellier a pour ainsi dire "tout pompé" sur ce groupe (les claviers et le style hirsute de Demis Roussos ; malheureusement, il y a encore du boulot pour la voix)

En dehors de la filiation évidente entre Sébastien Tellier et Demis Roussos, voici un des morceaux les plus incroyables de cette dernière décennie, où la ligne rythmique est tout simplement un modèle d'équilibre, de dynamique et de maîtrise : un chef d'oeuvre... le piano galope aussi vite que les baguettes du batteur dans cette boucle infinie...C'est grisant. Le morceau demande un peu de patience, c'est ce qui le rend si fort. La voix arrive bien tard, et la basse essaye de la suivre. Après ce moment d'euphorie et de gloire... le morceau se meure comme un animal blessé. C'est sombre, crépusculaire et beau.

Dans cette atmosphère de bord de mer, Metronomy nous emmène en balade, dans une conversation un peu ennuyeuse, on se laisse simplement bercer par les sensations...Encore un morceau qui demande une certaine patience... la basse joue ici de sa rondeur, et nous fait marcher comme des hérons, du moins, comme des oiseaux hauts sur pattes, progressant entre les longs roseaux mouillés...le refrain s'étire et s'ouvre sur un dernier tiers lumineux. Comme c'est simple parfois, la belle musique.

Sûrement un groupe secrètement amoureux des Smiths (déduction faite par l'utilisation récurrente du mot "reservoir" et de ce plaisir non dissimulé pour ce type de basse dansante et sautillante). Ce morceau d'apparence plus pop déroule un tapis plutôt coloré et un peu béat (quasi béta), sans compter sur ces cuivres salvateurs qui apportent une couleur folklorique à l'ensemble. Vous dansez ?

Alors ici, on aborde une petite merveille d'élégance qui ravira tous les dandys. Encore une fois, le piano se débrouille pour vous faire onduler comme un fauve pendant que la basse vous donne un style cool lorsque vous secouez la tête... c'est gagné, vous êtes le maître du groove...

Les violons achèvent de repasser votre costume 3 pièces et de plaquer vos cheveux en arrière. En plus d'un clip plutôt drôle (le caractère taquin du personnage central et sa résolution finale en font l'un de mes héros anonyme), le groupe a encore de la ressource pour s'engager sur des voi(x)es plus SOUL . En parlant de voix, quelle suprise de découvrir sur scène que cette voix appartient finalement à un homme !

Pour finir, changement d'horizon pour atteindre les contrées indiennes et pakistanaises. Ce morceau se déroule encore une fois comme une boucle infinie, savamment livrée en langue Sanskrit et en Hindi. Des harmonies fabuleuses, infinies, qui se démultiplient en différentes sonorités, le tout pour raconter l'histoire de deux amoureux séparés par une rivière. La présence du bansurî haletant, cette flûte traversière indienne donne une couleur chaude à l'ensemble, une agitation joyeuse, comme un vol de colibris. Les mains potelets de la gamine qui joue de la basse respirent la naïveté et pourtant, celle-ci à un sens du rythme unique (et en plus elle ressemble à ma cousine Catherine en plus jeune ! Oui, cette info aussi est indispensable). Quant aux percu', encore un beau modèle de robot-batteur-mixer qui envoie du milk-shake drum'n'bass, mais avec une basse sur un mode vacances. En appoint, les célèbres tablas indiennes qui se marient toujours aussi élégamment avec le bansurî... Ce morceau est tout simplement touchant, parce que l'on sent véritablement que les musiciens ont plaisir à jouer ensemble. Et toujours, immanquablement, inexorablement, inéluctablement ces fabuleux accords plaqués au clavier...

Qui est chaud pour inventer avec moi le "key'n'bass" ou le "piano'n'bass" ?

J'espère à présent que vos petites esgourdes se réchauffent de plaisir, comme la truffe d'un renard-fennec polaire sortant de sa torpeur hivernale et que vous pourrez me faire découvrir ici ou ailleurs vos coups de foudre musicaux.

Durrunda

P.S. : Oui, le type au clavier sur le dernier morceau fait un test pour sa montre cardio. Y'a pas à dire, il a de la gueule son test.

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